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L'art postmoderne : une définition. Eclectisme, baroque, humour, citation. Les plus et les moins


l'art postmoderne

Art postmoderne : la fin du pipi...... La Renaissance postmoderne...... Mélange tarte (et même tartignole)...... Art postmoderne : définition complètement fausse...... De la difficulté de vendre l'art postmoderne...... Postmodernité : le problème du saupoudrage enfin résolu

Art postmoderne : la fin du pipi

060310 L'art postmoderne, avec son baroque, sa complexité, ses citations, son éclectisme, son humour, est une sortie de l'art dit contemporain, de ses conventions, de son minimalisme, de ses non-sens, de sa banalité, de son ennui, et de sa situation désastreuse (celle qu'a décrite Jean-Philippe Domecq et bien d'autres). La postmodernité est bien le dépassement du néant readymadiste, la fin du pipi pseudo-duchampien.

Surian

La Renaissance postmoderne

190310 Mettons qu'on donne à l'art postmoderne quatre caractères :

- le baroque, la complexité,

- la fin de l'obligation du nouveau, inhérente à l'art moderne, et donc la possibilité de toute référence au passé, de toute citation

- l'ironie, l'humour, créant une distance entre l'œuvre et le regardeur, une théâtralité,

- l'éclectisme, gage d'un refus de se couler dans un moule stylistique, (voir ci-dessous Postmodernité : le problème du saupoudrage enfin résolu)

Le problème, c'est que ces caractères sont d'ordre plutôt stylistique ; ils tendent à définir un style, le style postmoderne. C'est réducteur. L'art postmoderne, c'est plus qu'un style, c'est une Renaissance. Une façon de penser l'art. Il peut s'exprimer dans divers styles. Il peut même inclure (sans être néo-quoi que ce soit) le retour à une certaine beauté.

(illustration : volet d'un triptyque de Jean-Jacques Surian, avec l'aimable autorisation de l'artiste)

Mélange tarte (et même tartignole)

180107 La complexité, en soi, est baroque, comme les colonnes torsadées et sur ornementées des églises mexicaines churrigueresques. Toute simplification cherchant à atteindre l'essentiel, voire l'absolu (principe des minimalistes) est évidemment vouée à l'échec. Par contre, la complexité doit rester homogène. S'il y a mélange, ça devient tarte. Sans compter la complexité introduite gratuitement, rien que pour faire intello.

Art postmoderne : définition complètement fausse

260310 Rosalind Krauss a donné une définition de l'art postmoderne qui n'avait aucun sens. Elle a fait croire que les minimalistes étaient postmodernes, peut-être pour être la première à utiliser ce terme, et c'était totalement prématuré. Les minimalistes étaient clairement dans la lignée de l'art moderne, dans la fin de la lignée. Pour plus de critiques de Rosalind Krauss, voir Jean-Philippe Domecq (qui frise l'injure, toutefois).

De la difficulté de vendre l'art postmoderne

230310 L'art postmoderne, à cause de son éclectisme (dans les styles et dans les moyens), de son individualité, de la difficulté de le classifier en catégories, est moins identifiable, moins reconnaissable, et donc, moins commercial, moins facile à vendre. Car l'acheteur d'art veut qu'un maximum de gens reconnaisse l'artiste qu'il a acheté (et en reconnaisse la valeur monétaire, et la valeur esthétique convenue qui fait de lui un connaisseur).

Si on feuillette par exemple la Bible de l'art singulier, on n'a pas l'impression d'une bible, mais plutôt d'un tas désordonné. Comment distinguer, alors, comment juger la valeur de l'art postmoderne, quels sont les critères ? En fait, toutes les œuvres de cette Bible de l'art singulier ne sont pas géniales, loin de là. Il faut faire la différence entre d'un côté l'inspiration authentique et profonde, dionysiaque, non commerciale, non intellectuelle, non militante, d'une part, et le génie de l'autre. La charmante artiste qui fait les petites poupées est authentiquement artiste, insolite, etc., mais ses poupées ne sont in fine que originales, insolites, rigolotes, décoratives, mais non pas paralogiques : elles ne choquent pas par rapport à du déjà vu, elles ne sortent pas du lot (et en particulier, du lot constitué par cette 'bible" elle-même).

Postmodernité : le problème du saupoudrage enfin résolu

211207 En fait, la question de l'éclectisme est assez simple : quand on est postmoderne, on nie les "métarécits", on n'est plus dans une pensée unique, dans un système global d'explication du monde. On prend à droite et à gauche. Comme le dit Yves Boisvert (Le monde postmoderne) : "Chacun choisit lui-même ses "micro-récits", dans la mosaïque des discours et des croyances." Ce qui est très exactement la définition de l'éclectisme. Maintenant, quand on est artiste postmoderne, on va mélanger les styles, faire cohabiter des citations classiques et du moderne, faire des collages, faire un bric-à-brac baroque (avec des trucs de bric et de broc, des boucs des biques, des fric-fracs et des breloques dionysiaques).

310306 Mais en fait, quand on est artiste tout court, postmoderne ou pas, on est en général mû par un esprit créatif. Et si l'énergie créatrice déborde, on est poussé à créer dans toutes les directions : l'esprit créatif s'exerce le plus librement possible. On crée à droite, à gauche, au milieu, on est éclectique. Les artistes qui travaillent dans un style unique, cohérent, sont en général mus par des motifs commerciaux : pour créer un style personnel qui les identifie.

Bon. Donc finalement les artistes postmodernes ont deux raisons d'être éclectiques, l'une c'est d'être artiste, et l'autre d'être postmoderne. C'est pourquoi ils sont nombreux à s'inscrire aux ANPE : Artistes Narratifs Postmodernes Éclectiques.

170607 Alors maintenant nous avons les gens qui critiquent la postmodernité : son éclectisme pourrait être signe de déclin : il entraînerait une dilution, une superficialité dans chaque composante, une absence de grandeur. Et de fait, c'est ce qui se passe dans l'exemple du cinéma indien, celui de Bollywood, où chaque film réunit à la fois l'histoire d'amour, la science-fiction, les belles nanas et les beaux mecs, l'humour, la danse et la musique. Tout ceci dans le but d'abreuver un public simple d'images et d'émotions. La quantité au détriment de la qualité. De même, pas besoin d'aller si loin, on peut regarder nos magazines : chaque sujet ne fait plus que deux pages, pour maximiser l'intérêt superficiel : vite on feuillette, on se bombarde l'esprit d'un maximum d'images et de pseudo-informations.

Et voici maintenant une réponse à ce risque de déclin : l'éclectisme peut porter sur un mélange de styles, d'accord, mais si on monte d'un cran, il peut se porter sur un mélange des arts. On sort ainsi du "métarécit" des grandes classifications (peinture, sculpture et ainsi de suite), et on arrive dans la cohabitation des arts, dans l'art total, dans le gesamtkunstwerk dont rêvait Wagner. En un mot, la réponse directe au défaut de la dilution des genres, c'est la mise en harmonie des genres. Là, le vrai artiste postmoderne pourra faire preuve de talent, par sa domination des genres et des techniques, et surtout des technologies numériques récentes, tant dans le domaine de l'image que dans celui du son.

200113 Nous serons ainsi parfaitement en phase avec la définition de la postmodernité qu'en donne son pape, Michel Maffesoli : une synergie de l'archaïque et du développement de la technologie.

170607 L'artiste postmoderne deviendra le démiurge complet, le créateur d'une œuvre d'art total, qui pourrait être une "synthèse" (voir le projet présenté par Hubert Le Menestrel dans ce site, cliquez ici) : non pas un opéra, ni une œuvre plastique, mais un monde synthétique, visitable, agrémenté de musiques numériques… une mise en harmonie de tous les arts.