140512 Aphorisme N° 35.987 bis alpha)- XII (version 639 remaniée) :
Tout est extrêmement compliqué.
130113 Il semblerait (?) que tout soit plus ou moins douteux. Tout, ou bien presque tout ? On ne sait guère répondre à cette question difficile.
090203 Heureusement que les plantes poussent moins l'hiver, sinon il faudrait aller jardiner dans le froid.
130411 Pour l'amour du destin, la ligne de conduite donnée par Nietzsche est la suivante :
D'abord vouloir ce qui est nécessaire, et ensuite aimer ce qu'on a voulu.
Premièrement, donc, il ne s'agit pas d'un destin prédéterminé, mais d'un destin que l'on prend en mains. Deuxièmement, le mot nécessaire ne se réfère évidemment pas aux besoins quotidiens (par opposition au superflu), mais à ce qui se produit nécessairement, à l'inéluctable.
Et ensuite, aimer ses choix : pas de remords, pas de regrets.
200408 Dans cette idée de l'amour du destin, il n'y a donc aucune espèce de fatalisme. Il faut raisonner dans l'absence totale de prédétermination, de finalisme. Il y a des moments où on prend des décisions qui orientent le destin. Mais en fait Nietzsche n'applique ce principe que pour ce qui est inéluctable (c'est expliqué au début de l'épilogue de Nietzsche contre Wagner ).
Maintenant si on cherche à appliquer ce principe à un événement particulier : "il faut que j'assume ce malheur, et même il faut que je l'aime", il y a un petit côté "recette de bonheur" en livre de poche, c'est faible. Et l'impératif "il faut" fait courir à l'échec : on n'aime pas par volonté, on ne peut pas se raisonner pour aimer. D'ailleurs, il y a (dans Ecce homo) un passage de "Pourquoi j'écris de si bons livres", sur Zarathoustra, où Nietzsche est très amer, même triste et émouvant, et il le fait suivre de quelque chose comme "de toutes façons ces choses-là ne m'atteignent absolument pas, j'aime mon destin". Cette contradiction relevée à quelques lignes d'intervalle montre bien qu'il se force, que le système ne marche pas vraiment.
Ce qu'il faut, pour l'amor fati, c'est le placer plus haut. Ou plutôt plus bas : dans les tripes. Il faut que ce soit une philosophie générale, globale, acquise à petits pas, presque naturellement.
250907 La Garde - Adhémar… pis a s'arrête pus.
(En fait cet aphorisme purement intellectuel n'a absolument rien à faire dans ce contexte).
220212 L'aristocrate vit dans son château, et il est glacial l'hiver. Ce n'est pas qu'il supporte ce froid, ni même qu'il y est habitué : depuis 600 ans, sa famille vit là, et s'est totalement adaptée, génétiquement, au froid. On ne peut pas dire qu'il "aime" vivre dans le froid, ni qu'il supporte ce froid, mais qu'il est, de naissance, naturellement à l'aise dans ce froid.
Ça montre la valeur du terme amor dans "amor fati." Ce n'est pas une question d'amour, on ne peut aimer son destin comme l'homme aime sa femme. C'est moins profond, plus naturel. Le froid du château fait partie de sa vie normale. C'est plus que l'absence de gêne, mais moins que l'affection. S'il ne l'a pas, il est gêné, il n'est plus dans son milieu naturel. Le lion n'aime pas sa savane, il ne supporte pas sa savane non plus, mais sa savane est son milieu normal, naturel. Il est à l'aise dedans. Voilà : il s'agit d'être à l'aise dans son destin, de façon naturelle, comme on est à l'aise dans son milieu naturel.
230411 Un jeu de valeurs ? Même Nietzsche ne s'y est pas risqué… et il s'en faisait pourtant un but.
Naïvement (sapere aude) :
- la vie : respect de la vie existante, mise en valeur de ce qui la maintient, et de ce qui la crée, procréation.
- la nature, proximité, appartenance à la nature, respect de la nature vivante mais aussi minérale et cosmique.
- l'espèce, la situation dans un cycle de vie qui dépasse l'individu
- la gaieté, mais aussi l'acceptation de la fin de la fête, du cycle saisonnier
- l'acceptation de son destin (non prédéterminé)
- corrélativement, l'absence de regret et de remords, comme si il devait y avoir un éternel retour du même (comme une hypothèse, même non crédible).
Exemple de question : pour le respect de la vie, doit-on, comme les Jaïn, marcher en balayant devant soi pour éviter d'écraser les insectes ?
Un jeu de valeurs ? Au boulot, les philosophes et autres savants. Faut penser.
070712 Ce qui reste acquis, toutefois, c'est le fameux principe bachique :
"Choisir ou conduire, il faut boire."
200310 Lors du 69ème symposium de philosophie générale de St Diableau sur Bèse, la question suivante a été posée à Hubert Le Menestrel :
"- Avez-vous utilisé dans vos travaux la monadologie de Leibniz ?
- Ah, Gottfried Wilhelm Leibniz ! Eh bien je vais vous répondre clairement : j'ai beaucoup réfléchi, beaucoup pensé sur la monadologie de Leibniz. J'ai passé de longues soirées à penser, dans un grand recueillement. Et je suis heureusement arrivé à une conclusion très certaine : c'est que je n'y comprends absolument rien. C'est dans cette optique que j'ai résolument abandonné cette piste pour m'intéresser à autre chose."
281205 Des nombreuses réfutations du cogito cartésien, "Je pense donc je suis", le top c'est celle de Jacques Lacan : ça se passe au cours de son séminaire du 11 Mai 1966, et voici exactement ce qu'il dit : "Je pense. Pensant, je suis ! Mais je suis ce qui pense. Et penser "je suis" n'est pas la même chose que d'être ce qui pense."
Et voici le commentaire qu'en fait Hubert Le Menestrel :
"C'est extrêmement clair, et Lacan a tout-à-fait raison. J'admire beaucoup Lacan, et comme c'est ce qu'il pense, moi je suis…
Je veux dire je suis… Je suis Lacan !
Non, je ne suis pas Lacan, en fait. Je suis Le Menestrel.
Mais Le Menestrel suit Lacan ! Vous suivez Le Menestrel ?
Non ? Mettons les choses bien au clair. Si vous me dites : " - Vous êtes là quand ?" Je vous réponds : "- Je suis là ce soir". Bon. Si vous me dites "- Vous êtes Lacan !" Je vous réponds : "- Non, je suis Le Menestrel". Mais si vous me dites : "- Vous suivez Lacan ?" Là je vous réponds : "- Ah oui, je pense !…Je pense que je le suis.". Credo sequentioque Lacanum !
Vous y êtes ? Je pense que je suis Lacan quand Lacan pense que penser je suis ce n'est pas être ce qui pense "je suis".
281109 Bon, Lacan c'est intéressant, mais l'analyse de Nietzsche (ci-contre déguisé en Descartes) est beaucoup plus complète. Que dit-il en substance ? (écrits posthumes 1885). Que le fait de mettre le sujet "je" devant le verbe" pense" est un présupposé, c'est déjà la conclusion. Il faudrait plutôt dire "çà" pense. Mais même le "çà", l'existence d'une substance quelconque qui pense, est encore un présupposé. On pourrait éventuellement dire "Pense" tout court.
Et qu'est-ce que çà pense ? Çà pense ce "je" (on pourrait appeler ce "je" le "jeu Descartes", d'ailleurs bien mélangé). Et le fait de penser le "je" fait que ce "je" existe, et rien d'autre. La bonne formule ce serait "pense je, donc je est". Est E-S-T, pas hait comme si vous disiez "je hais Descartes". Donc "pense "je", donc "je" est".
Mais le "donc" est aussi discutable : c'est notre pensée qui crée cette logique. Entre les deux morceaux de phrase "pense je" et "je est", il n'y a pas forcément de lien de cause à effet. Plutôt que "donc", il faudrait dire "il s'en suit que", ou "suit" tout court…La maxime correcte est alors "Pense je, suit je est." Suit avec un T. Vous suivez ? Oui je pense, donc çà suit. Ceci démontre que Descartes ne démontre absolument rien. Le "je" Descartes s'écroule… comme le château du même nom.
Il convient donc, Mesdames et Messieurs, de faire le parallèle entre la maxime de Descartes, philosophe dont le génie est indiscutable,
"je pense donc je suis",
avec celle d'Hubert Le Menestrel, artiste dont le génie reste à démontrer (malheureusement) :
"Pense je, suit je est".
La phrase de Descartes avait un intérêt philosophique majeur, celle de Le Menestrel, en tant que tautologie, a un intérêt philosophique absolument nul, mais un intérêt artistique… dont la postérité jugera.
230508 "Quando etiam sapientibus gloriae cupido novissima exuitur"
Même les sages ne se débarrassent qu'en dernier ressort de la soif de gloire.
Cité par Nietzsche dans Le gai savoir. Les sages se sont évidemment débarrassés en premier de la soif de richesse, entre autres.
130608 Là où ça se complique, c'est quand Tacite lui-même cite Tite (Tite, disciple de Saint Paul). Tacite peut citer Tite, et Tite citer Tacite, c'est licite. Mais si Tite imite Tacite, c'est illicite, et si moi j'imite Tite citant Tacite ici, c'est illicite aussi… Illicite, c'est une litote. Mais pour Tite, je me tâte. D'un côté t'as Tite, de l'autre t'as Tacite, ça t'incite à citer Tacite pas Tite.
270411 L'histoire de Démocrite qui, invité chez Hippocrate, dit un soir à une jeune fille "bonsoir Mademoiselle", et le lendemain "bonjour Madame", stupéfie Hippocrate, qui a effectivement dépucelé la jeune fille en question dans la nuit. Oui, mais rien ne dit que Démocrite a deviné en regardant la jeune femme : il a peut-être reconnu sa voix, dans la nuit, poussant des cris d'orgasme.
050511 Le mythe de la caverne de Platon est une vision abominablement cauchemardesque de l'humanité. Les hommes sont au fond du trou noir, comme des cafards grouillant, il n'y a aucun rai de lumière venant de l'entrée de la grotte, mais seulement la lueur d'un feu dans leur dos. Car les hommes sont ligotés enchaînés si serrés qu'ils n'ont même pas la liberté de se tourner sur eux-mêmes. Abominable contrainte ! Et, en conséquence, ils n'ont comme vision qu'un théâtre d'ombre.
Comment une scène aussi glauque, aussi négative, cette vision de contrainte, de souffrance et de mort, a-t-elle pu influencer, pour ne pas dire diriger, toute la pensée occidentale pendant vingt-cinq siècles ? Comment tant de gens ont pu croire à l'existence d'arrière-mondes ? Dramatique. Platon, la catastrophe humanitaire. D'ailleurs, il était très laid : voir dessin ci-contre, réalisé suivant un buste d'époque.
Cette vision d'horreur place l'homme dans une situation d'abomination sur terre, avec comme seule perspective la connaissance de cette fameuse Lumière après la mort ! Quelle philosophie absurde, et même stupide ! Messieurs les Platoniciens, suicidez-vous vite ! (pour aller voir votre Lumière).
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191006 Pourquoi j'existe ? Parce que je suis sorti du ventre de ma mère.